Quand ils
descendirent de la montagne, elle lui demanda d’arrêter devant la maison qui avait été celle de Ralph et de Nick. Quatre jours déjà que la bombe avait explosé.
Tout l’arrière de la maison avait disparu. Un radio-réveil digital était perché au sommet de la haie du fond. À côté, le canapé qui était tombé sur Frannie. Une flaque de sang avait séché sur les marches de l’escalier de la cuisine. Fran la regardait fixement.
– C’est le sang de Nick ?
Tu crois ?
– Pourquoi veux-tu savoir, Frannie ?
– C’est son sang ?
– Écoute, je n’en sais rien.
Peut-être.
– Pose la main dessus, Stu.
– Frannie, tu es devenue folle ?
Il vit apparaître sur son front cette petite ride volontaire qu’il avait remarquée là-bas, dans le New Hampshire.
– Mets la main dessus !
À contrecœur Stu posa la main sur la tache. Il ignorait si c’était le sang de Nick (sans doute pas) mais ce geste lui laissa une impression désagréable, pénible même.
– Maintenant, jure-moi que tu vas revenir.
La marche semblait vraiment trop chaude à cet endroit. Il voulut retirer sa main.
– Fran, comment veux-tu…
– Dieu ne peut pas toujours en faire à sa tête ! lança-t-elle d’une voix sifflante. Quand même pas toujours. Jure, Stu, jure-le !
– Frannie, je jure d’essayer.
– Je vais devoir me contenter de ça, n’est-ce pas ?
– Il faut aller chez Larry.
– Je sais, dit-elle en resserrant son étreinte. Dis-moi que tu m’aimes.
– Mais tu le sais bien…
– Je sais, mais dis-le quand même. Je veux t’entendre.
– Fran, je t’aime, dit-il en la prenant par les épaules.
– Merci, répondit-elle en posant la joue sur son épaule. Je peux te dire au revoir maintenant. Je crois que je peux te laisser partir.
Ils restèrent un moment enlacés dans la cour dévastée par l’explosion.